11 Mai 2015
LE GRAND BOL ET LE PANIER (SUITE 4)
Le visage de Francinette avait explosé..
Ses yeux s'éteignaient, s'allumaient, se fermaient,
En regardant le papier avec ces quelques mots !
Ses lèvres clapotaient en essayant des bruits.
Ses oreilles n'entendaient plus rien, même pas ses bruits...
Il y avait une autre chaise, sa chaise, celle d'à côté.
Heureusement, elle était tout juste au bon endroit ,
Quand Francinette se laissa tomber,
Assise, droite, comme absente maintenant.
Marcellin ne regardait pas la chaise d'à côté..
Il ne bougeait plus rien, ses mains non plus,
Et la plume avait arrêté de faire des mots !
Enfin tous les yeux se rencontrèrent....
Mais aucun bruit, aucune parole !
Des minutes, longues, faisaient tourner les aiguilles
De la grande et vieille et fidèle horloge du salon
Les lèvres de Francinette se réveillèrent les premières.
"Marcellin, Jipé, comment ? Marcellin,
C'est quoi ? Pourquoi tu écrits ça"
"Je sais pas bien. Comprends pas bien aussi...
J'ai pensé, après la colline et les ceux
Qui sont venus à notre porte et ont frappé"
Francinette retrouvait un peu ses idées dans sa tête.
"Mais Jipé a disparu depuis longtemps.
Depuis un temps de cinq ans, plus encore..
Tu le sais Marcellin ! On nous l'a disparu..."
Jipé était le petit nom de leur garçon...
Cinq années avant aujourd'hui, il était parti.
Il était parti parce que les autorités du village et d'ailleurs
Cherchaient à l'enlever de chez lui et de sa maison
Pour le mettre chez eux, et le garder...
Ils étaient venus, mais Jipé était déjà parti.
Et ces gens de l'autorité étaient rentrés dans sa maison.
Jipé était, qu'ils disaient, un voleur recherché.
Il avait volé les bijoux d'une dame dans le village,
Très riche. Et beaucoup de son argent aussi.
C'est ce qu'ils disaient, parce que la dame disait qu'elle avait vu
Ils avaient tout regardé, partout dans leur maison
Francinette et Marcellin avaient été paralysés de peur,
Jusqu'au départ de cette foule qui les attaquait chez eux.
Des gens en bleu de l'autorité vinrent encore souvent.
Ils posaient des questions bizarres. Ensuite, moins souvent..
Marcellin savait que son garçon était gentil et honnète.
Il savait qu'il n'avait pas volé la dame riche du village.
Mais, à cause de ces méchancetés, leur enfant avait disparu.
Un jour, Marcellin avait crié et sorti son vieux fusil.
Et les gens en bleu, qu'il n'aimait pas, n'étaient plus venus...
Francinette et Marcellin devinaient, parfois, des yeux
Qui les regardaient et les surveillaient.
Et les années étaient passées. et encore des années...
Peut'être Jipé était parti très loin, dans un autre pays ?
Il était part, en effet, assez loin, pour comprendre.
Les loups étaient devenus ses seuls amis.
Ils l'aimaient et l'aidaient à vivre, là bas.
Maintenant, leur Jipé avait, enfin, réussi à comprendre.
Et il était revenu tout près, dans sa colline, avec ses amis.
Mais il ne savait pas comment faire,
Pour pouvoir expliquer ce qui était vrai, à ces gens furieux contre lui.
Ces gens de l'autorité qui surveillaient encore sa maison, un peu.
Qui voulaient retrouver ces choses volées à la dame riche.
Et sa maman, et son papa lui manquaient beaucoup....
Il trouva la lettre de Marcellin, dans une vieille enveloppe,
Cachée dans le panier, sous le grand bol bien rempli,
Sur le côté de la vieille cabane, très tard, le soir..
Les mots de son papa, il les savoura, un par un..
Il avait toujours eu tellement peur, pour lui, pour eux...
Mais, la solution, il l'avait trouvée !!
Sur l'autre côté du papier, avec son crayon un peu usé,
Il déposa , en tremblant ,les mots qu'il fallait,
Pour son papa et sa maman. Pour qu'ils l'aident.
"Papa, maman, vous devez aller tout au bout du village,
Et vous devez chercher monsieur le curé, le père Philippe.
Quand vous l'aurez trouvé, vous devez lui dire
Que vous savez que je n'ai rien fait.
Et que vous voulez parler à Robinet !"
A suivre pour l'épilogue
De cette histoire de panier, de bols, de Francinette, de Marcellin, de Jipé,
De loups, de dame riche, de sous et bijoux disparus,
Et de Robinet !